Les députés de la coalition et de l'opposition se sont insurgés contre un document qui a fuité sur la Zone C, prévoyant de renforcer les Palestiniens
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Des dizaines de députés de droite, issus de la prochaine coalition et des rangs de l’opposition, ont qualifié un document établi par l’Union européenne (UE) – qui formule un nouveau programme visant à protéger les revendications des Palestiniens en Cisjordanie – de « violation extrêmement grave » de la relation entretenue entre l’UE et Israël.
Dans un courrier adressé aux hauts-responsables de l’UE, les membres de la Knesset ont accusé les Européens d’antisémitisme, disant qu’ils niaient les liens historiques des Juifs avec la Cisjordanie.
« Nous nous sommes apparemment trompés en pensant que cette haine raciste, religieuse des Juifs et d’Israël appartenait désormais au passé », dit la missive qui a été signée par 40 parlementaires de droite. « Cela nous attriste de découvrir, encore en encore, que sous le vernis de la courtoisie de l’UE, de ses manières et de son inquiétude apparente pour les droits de l’Homme, les mêmes vieilles diffamations du sang persistent avec les mêmes flammes de haine primitive qui cherchent, cette fois-ci, à persécuter non le Juif individuellement, mais le minuscule État juif. »
« Ce document ignore complètement le lien historique de notre peuple à cette terre qui est la nôtre », a continué le courrier, soulignant l’appel à contrôler les activités archéologiques juives sur les sites de patrimoine juif qui est mentionné dans la lettre. « Cet appel singulier n’a qu’un seul but : saper le lien profond et indestructible entre le peuple juif et son pays, son foyer ».
Les députés ont ajouté que la gravité du document de l’UE long de six pages – et qui est intitulé « Programme de développement conjoint européen pour la Zone C » – ne pouvait pas être surestimée.
Ils ont ajouté que le document « ne laisse aucune place au doute concernant la partialité et l’animosité de l’UE à l’égard de l’État d’Israël et du peuple juif ».
Le courrier a appelé l’UE à cesser les constructions illégales dans les secteurs placés sous contrôle israélien, à stopper les activités susceptibles d’endommager les sites de patrimoine et la nature en Cisjordanie et à cesser de financer des ONG qui tentent d’ôter toute légitimité à Israël.
Selon la « Note de discussion » du mois de juin 2022 – à laquelle le Times of Israel a eu accès – l’UE veut expressément « protéger les droits » des Palestiniens qui vivent dans la Zone C.
Elle propose une approche en cinq volets, notamment en cartographiant les terres dans la Zone C, en offrant une aide juridique aux Palestiniens et en renforçant les liens entre les autorités locales des Zones A, B et C, avec pour objectif ultime d’intégrer pleinement les trois types de territoires placés sous le contrôle de l’Autorité palestinienne (AP).
C’est la Treizième chaîne israélienne qui a révélé l’existence de ce document, lundi.
Sous les accords d’Oslo, signés en 1993, la Cisjordanie a été divisée en trois divisions administratives, avec la Zone A qui a été placée sous le contrôle de l’AP, la Zone B qui a été placée sous contrôle conjoint et la Zone C – la plus large puisqu’elle constitue environ 60 % du territoire – sous contrôle israélien exclusivement.
La Zone C, qui est la seule section contiguë de la Cisjordanie et qui contient les terres les plus fertiles et les ressources naturelles les plus précieuses, devait être graduellement transférée sous le contrôle des Palestiniens, disaient les accords, ce qui n’est jamais arrivé. Les implantations israéliennes sont toutes situées dans la Zone C.
La lettre des députés de droite était adressée à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, le président du conseil européen, Charles Michel, et la présidente du Parlement européen Roberta Metsola.
Elle a été signée par des membres du Likud, du Shas, de Yahadout HaTorah, de Hatzionout HaDatit et d’Otzma Yehudit, qui appartiennent tous à la coalition dirigée par Benjamin Netanyahu qui a annoncé, mercredi soir, qu’il était parvenu à rassembler un gouvernement. Elle a aussi été signée par des députés de HaMahane HaMamlahti et par les ministres sortants Zeev Elkin et Matan Kahana.
Amichai Chikli, parlementaire du Likud, a déclaré au Times of Israel que ce courrier avait été rédigé pour protester « contre un document qui confirme une réalité grave sur le terrain avec les constructions illégales massives qui sont programmées et qui sont financées par l’Union européenne dans la Zone C, tout en ignorant totalement la souveraineté israélienne dans le secteur et tout en portant gravement préjudice aux paysages, à la nature et aux sites de patrimoine ».
En réponse au reportage de lundi, la délégation de l’Union européenne en Israël n’a pas confirmé l’authenticité du document, disant que la règle était de ne pas commenter les documents internes présumés.
« Les politiques et les positionnements de l’UE sont définis par les 27 États-membres et ils sont transmis et communiqués de manière appropriée aux partenaires comme aux médias », a indiqué la délégation dans une déclaration. « Notre politique concernant la Cisjordanie n’a pas changé : l’Union européenne est unie dans son attachement à une solution à deux États où l’État d’Israël vivra côte à côte dans la paix, dans la sécurité et dans la reconnaissance mutuelle avec un État palestinien indépendant, démocratique, adjacent, souverain et viable, avec Jérusalem comme future capitale des deux États ».
La Zone A accueille aujourd’hui environ 400 000 Palestiniens et 70 % de ce territoire est inaccessible au développement palestinien.
Le ministère des Affaires étrangères a déclaré que le document exprimait des positionnements, selon lui, « inacceptables » – un terme utilisé par Israël à de multiples occasions dans ses désaccords avec l’UE.
Il a aussi noté les contacts de haut-rang entre les deux parties avec notamment la reprise des rencontres du Conseil d’Association au mois de juin, une première depuis une décennie.
ELNET, une organisation qui œuvre à créer des liens entre Israël et l’Europe, a appelé l’UE à promouvoir des solutions en renforçant sa coopération avec Israël. « Aucune solution à long-terme ne peut être trouvée sans conversation franche et directe entre les deux parties », a noté un porte-parole de l’organisation qui s’est entretenu avec le Times of Israel.
Le document avait été écrit bien avant les élections du mois de novembre, qui permettent à Netanyahu de prendre le pouvoir à la tête d’une coalition de droite, d’extrême-droite et religieuse – et il ne peut donc être considéré comme une réponse à un éventuel changement dans la politique israélienne.
Selon l’accord de coalition qui a été conclu au début du mois entre Netanyahu et Bezalel Smotrich, le chef de HaTzionout HaDatit, le contrôle de l’Administration civile – une agence du ministère de la Défense et de l’armée qui est en charge de la vie civile dans la Zone C – sera transféré à un nouveau ministre indépendant au sein du ministère de la Défense (c’est un député du Likud qui devrait obtenir ce portefeuille). Ce nouveau poste devrait être occupé par un membre de la faction d’extrême-droite et probablement par Smotrich lui-même.
Smotrich a critiqué avec force le document présumé, lundi, disant que « l’implication éhontée de l’UE dans les initiatives prises par l’Autorité palestinienne de manipuler les faits sur le terrain et d’établir unilatéralement un état terroriste arabe de facto au cœur de la terre d’Israël est inacceptable, contraire au droit international et incompatible avec les règles basiques de la diplomatie dans les relations entre les pays ».
Il a également promis que le prochain gouvernement œuvrera à contrecarrer « les activités hostiles » de l’AP et des acteurs internationaux.
« L’usage par l’UE d’étiquettes comme le soutien apporté ‘à la société civile’ et ‘aux droits de l’Homme’ a dissimulé les millions d’euros distribués, chaque année, à des ONG choisies, en particulier dans la Zone C, pour créer des faits sur le terrain », explique Gerald Steinberg, président de l’organisation pro-israélienne NGO Monitor. « Maintenant que ce faux-semblant est exposé au grand jour, le potentiel d’une confrontation majeure entre Israël et l’Europe, notamment en ce qui concerne le soutien apporté aux ONG, est très élevé ».