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LES ARCHIVES DU FIGARO – Presse censurée, clandestine ou étrangère, que pouvait-on lire en une des journaux, en France et ailleurs, au moment du débarquement des troupes alliées sur les côtes de Normandie?

En partenariat avec RetroNews le site de presse de la BnF

C’est une revue de presse sans Le Figaro. S’étant sabordé en 1942*, le quotidien ne paraissait plus en juin 1944 et ne pouvait raconter cet événement tant espéré: le débarquement des Alliés sur les côtes françaises. Il ne renaîtra que deux mois plus tard, le 23 août 1944, alors que «Paris combat pour sa liberté».

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Que pouvait-on lire alors dans la presse officielle française au lendemain du 6 juin? Soumise à la censure et au contrôle du gouvernement de Vichy en zone sud ou sous tutelle allemande en zone nord, elle ne pouvait que relayer la propagande maréchaliste et nazie.

Ainsi Le Journal , alors replié à Lyon, publie en une le texte du communiqué du maréchal Pétain. Le vieil homme appelle les Français au calme et à la discipline. Le président Laval met en garde: «Si vous faisiez preuve d’indiscipline, vous provoqueriez des représailles dont le gouvernement serait alors impuissant à atténuer les rigueurs.» Et d’exhorter les Français à refuser d’entendre les «appels insidieux» à la révolte des «ennemis de la patrie».

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Dans Le Matin , journal sous contrôle allemand -qui se baptise lui-même «le mieux informé des journaux français»-, l’heure est grave mais l’optimisme est de mise. On peut y lire que les forces engagées dans ce débarquement, -«que les Anglo-Américains prononcent “libération”»- ont été «si durement prises à partie par la contre-offensive des réserves allemandes qu’elles ont été presque complètement taillées en pièces.» Puis: «Le haut-commandement allemand, qui a toujours attendu avec impatience cette épreuve de force, est plein de confiance quant à son issue.»

VIDÉO INA: Le débarquement, «bataille qui ensanglante la terre de France» par les actualités françaises contrôlées par les Allemands et le gouvernement de Vichy.

Dans Le Matin , journal sous contrôle allemand -qui se baptise lui-même «le mieux informé des journaux français»-, l’heure est grave mais l’optimisme est de mise. On peut y lire que les forces engagées dans ce débarquement, -«que les Anglo-Américains prononcent “libération”»- ont été «si durement prises à partie par la contre-offensive des réserves allemandes qu’elles ont été presque complètement taillées en pièces.» Puis: «Le haut-commandement allemand, qui a toujours attendu avec impatience cette épreuve de force, est plein de confiance quant à son issue.»

VIDÉO INA: Le débarquement, «bataille qui ensanglante la terre de France» par les actualités françaises contrôlées par les Allemands et le gouvernement de Vichy.

La désinformation est la même dans L’Œuvre mais elle se double d’un éditorial virulent de son directeur Marcel Déat, également ministre du travail du gouvernement de Vichy. «Je ne suis pas neutre» clame-t-il. L’armée allemande est la «seule espérance européenne», contre les Anglo-saxons qui «ne cherchent qu’à piétiner» les Français et qui vont bientôt s’allier avec «les bandits et les assassins du maquis».

La presse clandestine appelle au combat

Il faut se tourner vers l’autre côté de la Méditerranée pour entendre un autre récit. En Afrique du nord, les Alliés ont déjà débarqué en 1942 et libéré l’Algérie. À la une de l’Écho d’Alger , Churchill et de Gaulle se font face. «La bataille suprême est engagée, c’est la bataille de France et c’est la bataille de la France» clame le général. Pour le journaliste Jean Vincent-Bréchignac, c’est «le signal du retour à la liberté, de la fin d’une oppression abominable».

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Dans les jours suivants en métropole, la presse clandestine issue des mouvements de la Résistance appelle la France au combat. Ainsi le 10 juin, L’Avenir, « journal provisoirement clandestin destiné aux jeunes de France», entonne fièrement: «Le jour de gloire est arrivé»:

«Le 6 juin 1944, dès les premières heures, les troupes alliées débarquaient sur le sol de France. Quatre ans après avoir été contrainte de l’abandonner, l’Armée anglaise secondée, cette fois-ci, par nos amis américains prenaient (sic) pieds sur le territoire français.»

L’heure est maintenant à l’ultime combat. «Reculer alors serait trahir» avertit le journal, «ce n’est que par l’héroïsme de chacun que la France sera libérée».

Même ton le 11 juin dans le journal L’Humanité publié illégalement depuis 1939:

«Les armées alliées ont débarqué – Tous et toutes au combat pour la libération de la France.»

Le débarquement déjà à la une de la presse américaine le 6 juin

Les détails des opérations militaires sont à lire dans la presse anglo-saxonne particulièrement bien informée, notamment aux États-Unis.

Dès le 6 juin, le Los Angeles Times sort une édition spéciale barrée en une du mot «Invasion!» en lettres capitales. «4.000 navires et 11.000 avions touchent la côte française», précise le quotidien américain.

Les New Yorkais suivent les événements sur les panneaux lumineux de Times Square le 6 juin 1944.
Les New Yorkais suivent les événements sur les panneaux lumineux de Times Square le 6 juin 1944. – Crédits photo : Library of congress

«Les armées alliées débarquent en France dans la zone Le Havre-Cherbourg; une grande invasion est en cours» informe le New York Times dans son édition du soir. «Dans la lumière grise d’une aube d’été», sous le commandement du général Dwight Eisenhower, les troupes américaines, britanniques et canadiennes ont commencé à débarquer sur les côtes du nord-ouest de l’Europe. Le lendemain: Le «mur de l’Atlantique» d’Hitler est brisé.

Enfin, du côté des Britanniques, The Guardian explique dans son édition du 7 juin comment le débarquement prévu le 5 a été décalé d’une journée en raison de la météo. Au soir de cette journée historique, selon le reporter, un sentiment de confiance règne au quartier général:

«Personne n’imagine que la bataille suprême qui a commencé sur les plages de Normandie, tôt ce matin, sera remportée par les Alliés sans un combat acharné contre un ennemi déterminé et désespéré, mais le sentiment général est que les premiers obstacles à l’invasion du continent européen ont été surmontés avec succès.»

* L’annonce de l’arrêt de sa publication quotidienne est en une du Figaro Littéraire du 21 novembre 1942. Un dernier numéro du Figaro Littéraire parût le 24 novembre 1942.


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* L’annonce de l’arrêt de sa publication quotidienne est en une du Figaro Littéraire du 21 novembre 1942. Un dernier numéro du Figaro Littéraire parût le 24 novembre 1942.


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Camille Lestienne

Journaliste

Source:© Débarquement: la revue de presse des 6 et 7 juin 1944 

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