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Des élus locaux rendent un dernier hommage à Jean-Mathieu Michel, maire de Signes (Var), renversé en août 2019 par une camionnette alors qu’il tentait d’intervenir contre des dépôts sauvages. LUC BOUTRIA/PHOTOPQR/NICE MATIN/MAXPPP

Les élus locaux et les sénateurs s’alarment devant une insécurité grandissante.

Miribel-les-Échelles dans l’Isère, Saint-Philippe-d’Aiguille en Gironde, Portbail dans la Manche, Issoudun dans l’Indre, Tréclun en Côte-d’Or… Une fois encore, durant l’été, plusieurs communes de France ont été les théâtres de graves violences visant directement des élus locaux.

Après la mort du maire de Signes en août 2019, dans le Var, renversé par une camionnette alors qu’il tentait d’intervenir contre des dépôts sauvages, l’émotion avait été grande dans le pays et largement partagée au sein de la classe politique. Lors de son congrès annuel, l’Association des maires de France (AMF) avait d’ailleurs rendu un hommage appuyé à Jean-Mathieu Michel, symbole d’une République tristement frappée au cœur des territoires. Une République où le maire, souvent perçu comme un élu exemplaire placé en première ligne de tous les désordres de la société, est désormais considéré comme une cible de plus en plus exposée.

Au lendemain de la tragédie de Signes, face à une situation qu’ils jugeaient déjà préoccupante, les sénateurs et l’AMF avaient lancé une enquête nationale puis tracé des pistes pour renforcer la sécurité des élus locaux. La commission des lois du Sénat avait dressé une liste de recommandations très précises en faveur d’une justice plus réactive, plus efficace et plus ferme. «Quand on agresse un maire, on n’agresse pas seulement un élu, mais aussi un agent de l’État», n’a eu de cesse de plaider Philippe Bas, président de la commission des lois. «On ne peut donc pas laisser sans défense les maires, de même que lorsqu’on attaque un gendarme ou un policier, c’est un facteur aggravant dans les sanctions pénales», juge le sénateur.

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Un an plus tard, au cœur de l’été, constatant une résurgence de ces violences et des engagements non tenus par l’État, Gérard Larcher, président du Sénat, s’est adressé directement à Emmanuel Macron, tout en réclamant un plan gouvernemental. «Il y a un an à Signes, Emmanuel Macron, vous promettiez une réponse ferme, exemplaire et sans complaisance aux incivilités faites aux maires. Un an plus tard, à Miribel-les-Échelles, le maire a été violemment agressé alors qu’il tentait de rétablir l’ordre dans sa commune», lui a-t-il écrit.

Pour les sénateurs, l’exemple de Miribel-les-Échelles, le 27 juillet dernier, n’est qu’une nouvelle illustration d’un phénomène qu’ils constatent partout sur le territoire. Dans ce village de 1700 habitants, le maire, Williams Dufour, a été roué de coups et brûlé à la main par une bande de jeunes et trois mineurs ont finalement été mis en examen. Mais selon les parlementaires, il est urgent de mesurer l’ampleur d’un mal plus grave et plus profond. C’est l’avis de Françoise Gatel, sénatrice centriste d’Ille-et-Vilaine et membre de la commission des lois. «On laisse les maires et les élus en pleine solitude face à des événements qui impactent aussi les familles. On ne peut pas se contenter de se désoler et laisser ces acteurs locaux sans accompagnement», précise la sénatrice. «J’ai interpellé le ministre de la Justice sur le fait que chacun a l’impression de pouvoir commettre des actes d’incivilité en toute impunité», précise-t-elle.

Nécessité d’agir

Corapporteur au Sénat de la loi engagement et proximité, en 2019, la sénatrice Gatel y reconnaît l’intégration de quelques préconisations sénatoriales mais elle les juge insuffisantes. Le président de la commission des lois, Philippe Bas, l’a dit au premier ministre le 6 août dans un courrier, en insistant sur la nécessité d’agir. Cellules dédiées au sein des préfectures, accélération des procédures de protection, formation des élus, rénovation des polices municipales, facilitation des constats d’infractions… L’arsenal des actions à mener n’est pas chiffré par les parlementaires mais, selon eux, ces solutions dont ils réclament l’immédiate mise en place relèvent davantage d’une organisation mieux adaptée et d’un vrai réalisme politique que de moyens budgétaires.

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Au cœur des territoires, nombre d’élus inquiets ne veulent plus se contenter des messages de compassion. Ils réclament des actes. «Cela relève d’une extrême urgence. L’État et la justice doivent affirmer enfin une fermeté républicaine», insiste la sénatrice Françoise Gatel.

Source:© De plus en plus agressés, les maires appellent à la «fermeté républicaine»

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