L’ancien adjoint à la Culture à la mairie de Paris est mis en cause par un homme qui a témoigné dans le New York Times, «d’abus» pendant près de dix ans.
Après avoir démissionné de son poste d’adjoint à la mairie de Paris le 23 juillet dernier, Christophe Girard décide de se retirer un moment du Conseil de Paris. «Par souci de sérénité et du bon fonctionnement de la majorité au sein du Conseil, j’ai proposé à Anne Hidalgo (la maire de Paris, NDLR) et à Rémi Féraud, président du groupe Paris en commun (structure de campagne de Mme Hidalgo, NDLR), ma mise en retrait le temps de l’enquête préliminaire et pour mieux me défendre», a déclaré M.Girard.
Cette annonce fait suite à l’ouverture d’une enquête pour «viol» menée par le parquet de Paris à son encontre. Elle a été confiée à la brigade de protection des mineurs mardi 18 août, après qu’un homme a témoigné dans le New York Times «d’abus» de l’homme politique français.
Sur Twitter, la maire de Paris, Anne Hidalgo, se dit «satisfaite» de l’enquête préliminaire qui s’ouvre et réaffirme «son soutien indéfectible à toutes les victimes de viols et d’agressions sexuelles».
Aniss Hmaïd, 46 ans, a raconté en détail au quotidien américain avoir rencontré M. Girard en Tunisie à l’été 1989, quand il avait 15 ans et avoir ensuite été entraîné dans une relation abusive de près de dix ans qui lui a laissé «des blessures psychologiques durables». Quatre membres de son entourage ont confirmé au New York Times «qu’il leur avait révélé les abus de M. Girard il y a près de vingt ans».
Pour l’avocate de Christophe Girard, Me Delphine Meillet, en témoignant de la sorte, son accusateur a privilégié «la justice médiatique» : «la personne qui met en cause Christophe Girard n’a pas porté plainte, même aujourd’hui, et elle a préféré contacter les journalistes plutôt qu’aller au poste de police», a-t-elle déclaré mardi à l’AFP. «On peut imaginer qu’il ne voulait pas être confronté à l’institution judiciaire, qui juge avec impartialité et sagesse et il a privilégié la justice médiatique», a-t-elle ajouté.
Une «pression médiatique»
Pour Me Meillet, «le parquet se sent obligé d’ouvrir une enquête au regard de la pression médiatique, qui est particulièrement sensible sur ces sujets et cela, on peut s’en réjouir». «Mais juridiquement ça ne tient pas une seule seconde : l’homme qui met en cause Christophe Girard indique dans son récit qu’il était “consentant“ et les faits sont prescrits. Christophe Girard conteste de toute façon toute relation sexuelle avec cet individu», a-t-elle déclaré.
Selon l’avocate, «Christophe Girard a confiance en la justice et préfère être auditionné par les enquêteurs, qui connaissent parfaitement la réalité de ces infractions, plutôt que par des journalistes qui considèrent la parole donnée par l’accusateur comme gravée dans le marbre et incontestable».
Outre la véracité des accusations, la question de la prescription est un élément important de l’enquête. Pour les faits décrits par M. Hmaïd quand il était mineur, la prescription serait, sauf interruption ou suspension, acquise depuis son 38e anniversaire. Pour les faits postérieurs, jusqu’à ses 24 ans selon son récit, la prescription serait intervenue durant sa 45e année.