
Logement dans une dépendance de l’Élysée, permis de port d’armes ou encore voiture avec chauffeur. Le «M. Sécurité» d’Emmanuel Macron disposait de faveurs inattendues pour son poste. Le Figaro fait le point sur ce qui est vrai et faux.
L’affaire donne lieu à de nombreux fantasmes. Lors de son audition par la commission des lois mardi, le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, a tenu à être clair: «Il n’y a pas là d’avantages, ce sont bien les missions qui ont été confiées à M. Benalla qui justifiaient ces moyens de fonctionnement.» Un traitement que certains jugent toutefois surprenant. D’autant que le délégué général de La République en Marche (LaREM), Christophe Castaner, a réduit lundi le chargé de mission au simple rang de bagagiste. Florilège.
● Un appartement quai Branly
En plus de son appartement à Issy-les-Moulineaux, Alexandre Benalla disposait depuis le 9 juillet d’un logement de fonction au palais de l’Alma, situé quai Branly, dans lequel il n’a jamais résidé. Ce bâtiment de 5000 mètres carrés accueille depuis longtemps des dépendances de l’Élysée. Selon une information révélée lundi par L’Express, cet appartement devait d’ailleurs être transformé en duplex d’une surface de quelque 200 mètres carrés. Révélation démentie dans la foulée par la présidence, qui indique qu’une «rénovation complète de quatre appartements […] en mauvais état» avait été décidée dès novembre 2017.
● Une voiture équipée d’accessoires de police
Alexandre Benalla bénéficiait d’une voiture de fonction. Une Renault Talisman équipée d’un gyrophare deux tons, selon Le Parisien. Le véhicule faisait partie du parc automobile de l’Élysée. Des appareillages lumineux équipaient par ailleurs la voiture, selon les informations de BFMTV. «C’était une voiture de service […] qui l’amenait très souvent sur le terrain pour préparer des déplacements du président de la République mais qui était également intégrée dans le cortège présidentiel, ce qui explique qu’elle était équipée d’un certain nombre d’équipements spéciaux qui ont été installés par le garage de l’Élysée», a justifié le directeur du cabinet du chef de l’État, Patrick Strzoda, lors de son audition au Palais Bourbon.
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● Une autorisation de port d’arme
Le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, a confirmé avoir délivré un permis de port d’arme temporaire à Alexandre Benalla, par arrêté, sans en référer au ministère de l’Intérieur. Il a indiqué avoir pris cette décision à la suite d’une demande de l’Élysée. Le préfet de police a jugé que cela se justifiait en raison des «fonctions liées à la sécurité qu’exerçait M. Benalla».
● Une habilitation «secret-défense»
Exemple supplémentaire du rôle que jouait Alexandre Benalla dans le dispositif élyséen: son habilitation «secret-défense». Selon des informations du Point, qui a obtenu confirmation par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron s’est vu délivrer cette accréditation valable cinq ans en juin 2017. L’hebdomadaire indique par ailleurs que «l’enquête [préalable] a été particulièrement poussée» en raison de son ascendance étrangère.
● Un revenu de chargé de mission
«Alexandre Benalla n’a jamais eu un salaire de 10.000 euros» a assuré mardi soir Emmanuel Macron. Une façon de démentir les rumeurs. Il touchait un salaire net de 5000 euros, a assuré Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. Toutefois, cette somme serait sous-évaluée. Au sein de la macronie, on évoque plutôt un salaire de 6000 euros. Lors de son audition, Patrick Strzoda a également indiqué que le chargé de mission ne percevait aucune prime.
● Un badge d’accès à l’hémicycle
Marc Le Fur, vice-président de l’Assemblée nationale, a révélé samedi qu’Alexandre Benalla disposait d’un badge H de l’Assemblée qui lui donnait accès à l’hémicycle. Un laissez-passer qui lui a été retiré en même temps que son poste auprès du cabinet de l’Élysée. Le député LR s’offusque que le chargé de mission ait pu entrer dans l’hémicycle, où sont traités des sujets politiques extérieurs au domaine de la sécurité. Le président de l’Assemblée, François de Rugy, a pourtant affirmé que cela n’a rien de surprenant. Plusieurs badges sont ainsi mis à disposition des députés, des fonctionnaires mais aussi des collaborateurs de l’exécutif. Après cette polémique, François de Rugy a fait savoir qu’il souhaitait limiter le nombre de badges en circulation.
● Des accessoires réservés aux forces de l’ordre
Outre le casque anti-émeutes, sur les images du 1er mai, l’ex-collaborateur du président apparaît équipé d’un brassard de police ainsi que d’un poste de radio. L’attirail de celui qui n’était censé être qu’un simple «observateur» surprend, d’autant que son origine est pour l’heure inconnue. En commission d’enquête, lundi, le directeur de l’ordre public et de la circulation auprès de la Préfecture de police (DOPC), Alain Gibelin, a affirmé qu’«il sera facile de savoir quel est le service, quelle est la personne qui lui a fourni» un tel équipement.
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● Un grade de lieutenant-colonel controversé
Réserviste depuis 2009, Alexandre Benalla est ensuite entré dans la «réserve opérationnelle spécialisée» au grade de lieutenant-colonel. Une promotion que certains gendarmes ont du mal à digérer alors qu’il faut normalement beaucoup plus d’expérience pour intégrer ce groupe très sélectif. Dans une note interne, la gendarmerie a toutefois précisé que ce titre n’était que «temporaire» et ne lui confère «aucune prérogative de commandement».
● Les clés de la villa du couple Macron au Touquet
SelonL’Opinion, l’ancien collaborateur du président aurait disposé des clés de la maison de Brigitte et Emmanuel Macron au Touquet (Pas-de-Calais), lieu de villégiature privilégié du couple. Au nom de la sécurité du chef de l’État, il pouvait ainsi ouvrir et fermer le portail de la résidence. Un témoignage de la confiance du président à l’endroit du chargé de mission de l’Élysée.
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Source : ©Ces avantages réels ou supposés d’Alexandre Benalla