Felipe VI a semblé en retrait par rapport à son discours de fermeté à l’encontre des indépendantistes prononcé début octobre.
Dans son traditionnel discours de Noël, le roi d’Espagne Felipe VI est largement revenu sur la Catalogne. Il a invité dimanche les représentants politiques à «affronter les problèmes qui affectent tous les Catalans en respectant la pluralité, en pensant avec responsabilité au bien commun de tous», et a appelé à retrouver «la sérénité».
Le message de Noël du roi a été enregistré après la publication des résultats des élections législatives catalanes du 21 décembre. Jeudi, le bloc indépendantiste a de nouveau obtenu la majorité des sièges. Il est composé de trois partis: Ensemble pour la Catalogne de l’ancien président du gouvernement catalan aujourd’hui en exil Carles Puigdemont, la gauche républicaine catalane (ERC) de son vice-président Oriol Junqueras, en prison à Madrid, et CUP, la gauche radicale. Cette victoire incontestable, avec une participation record de 82 %, a signé la mise en échec de la stratégie de fermeté du président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.
Un discours ferme
Le roi a prononcé un discours qui, s’il reste ferme sur le respect des institutions espagnoles, a paru un peu en retrait par rapport à celui qu’il avait offert le 3 octobre. Il avait alors accusé les partis indépendantistes de mettre en danger les institutions espagnoles. Il a, cette fois, invité les partis catalans à travailler pour récupérer «la stabilité, la sérénité et le respect mutuel» dans la société catalane «si diverse et plurielle qu’elle soit».
Dans un entretien accordé samedi à l’agence de presse Reuters, Carles Puigdemont a répété qu’il était prêt à rentrer en Catalogne. «Je voudrais revenir dès maintenant, ce serait une bonne nouvelle pour l’Espagne», a déclaré l’ex-président catalan. Il a dit souhaiter assister à la séance inaugurale du Parlement catalan le 23 janvier. «Ce serait naturel. Si je ne suis pas autorisé à être président, ce serait une anomalie pour le système démocratique espagnol. Je suis le président régional et je le resterai si l’État espagnol respecte les résultats du vote.» L’un de ses avocats en Catalogne, Me Jaume Alonso-Cuevillas, a estimé au micro de Catalunya radio qu’il fallait «évaluer la situation, car au moment où il rentrerait ici, il serait arrêté… Il est évident que s’il vient et est emprisonné, cela va générer un conflit politique très grave».
Du côté de Madrid, aucun signe d’assouplissement n’est apparu, bien au contraire. Alors que Carles Puigdemont sollicitait une rencontre, Mariano Rajoy a répondu que la seule personne qu’il était disposé à rencontrer est «celle qui a gagné les élections en Catalogne, Inés Arrimadas», la tête de liste de Cuidadanos, le nouveau parti de centre droit, concurrent du Parti populaire. Ciudadanos est arrivé en tête du scrutin catalan, mais ne dispose pas de possibilité d’alliance pour prétendre présider aux destinées de la Catalogne.
En refusant de rencontrer des représentants du bloc indépendantiste, Mariano Rajoy se met lui-même dans l’incapacité de proposer une solution en Catalogne et joue la politique du pire. Si, début octobre, le roi avait semblé avaliser totalement sa stratégie de fermeté face à Carles Puigdemont, son discours de Noël a semblé commencer à se distancier de la rigidité du président du gouvernement espagnol.
- Catalogne: la triple défaite de Mariano Rajoy
- Catalogne: «Une nouvelle sécession est possible»
- Catalogne: l’incertitude pèse sur l’économie, des entreprises délocalisent leur siège
Source:© Catalogne : le roi d’Espagne appelle à la sérénité