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FIGAROVOX/TRIBUNE – Après les émeutes du 11 et 15 novembre, la presse belge publie les portraits de neufs individus recherchés par la police. Le sénateur belge, Alain Destexhe dénonce le refus des médias de nommer les responsables de ces dégradations.
Alain Destexhe est sénateur belge (Mouvement réformateur).
La publication par toute la presse belge ce jeudi 14 décembre, des portraits de neuf individus recherchés par la police pour leur participation aux émeutes du mois dernier à Bruxelles est une gifle aux journalistes des media traditionnels qui s’obstinent à refuser de voir le caractère ethnique des émeutes à répétition qui secouent la capitale de l’Europe.
Neuf portraits, neuf jeunes, blacks ou de type méditerranéen comme disait encore il y a peu la police, tous d’origine extra européenne et assez peu représentatifs, statistiquement, d’une population d’origine européenne. Tous recherchés pour destruction de mobilier urbain, pillages de magasins et agressions contre des policiers. Des faits criminels d’un nouveau genre, apparus il y a quelques années, qui n’étaient pas concevables, jadis, dans la ville de Jacques Brel.
Impossible cette fois de nier l’évidence de l’origine des auteurs: ce sont les photos communiquées par la police qui l’attestent. Unanime, la presse refuse pourtant de qualifier correctement les faits et leurs auteurs autrement que de «jeunes». Lorsque nos médias emploient ce terme, le commun des mortels comprend désormais et ajoute mentalement «d’origine étrangère». Des jeunes «Belges», sans doute puisqu’on a naturalisé à tour de bras, mais qui ne sont pas perçus par la population majoritaire comme faisant partie de la communauté nationale.
Pourtant, il ne fallait pas faire un grand effort d’imagination pour voir que cette violence est d’origine communautaire ou ethnique. Ainsi le 20 octobre dernier, à la porte d’Anderlecht, ville du célèbre club de football, une centaine de migrants syriens et des jeunes (Belgo-marocains) s’affrontaient dans la rue pour le «contrôle de l’espace public du quartier», notamment la jouissance d’un parc public.
Le 11 novembre, c’est à la suite du match Côte d’Ivoire-Maroc que le centre ville s’enflammait. L’incitateur de ces émeutes avait posté, la veille sur Facebook ce message: «On va tout cramé à Lemonnier Maroc city». Lemonnier, c’est le nom du boulevard en question mais l’expression «Maroc city» peut-elle signifier autre chose qu’une volonté de s’approprier, au moins pour un soir, ce territoire? Cela n’a pas empêché un député écologiste de déclarer le plus sérieusement du monde à la télévision qu’on ne connaissait pas l’origine des émeutiers!
Quatre jours plus tard, sur la place de la Monnaie, un symbole de l’indépendance de la Belgique, de jeunes immigrés semaient à nouveau la panique et pillaient des commerces en plein centre-ville, à l’occasion de la venue de Vargasss92, un Youtubeur français prénommé Mansour («béni de Dieu pour être victorieux»). Le 10 décembre, c’est un jeune roumain de 29 ans qui est décédé au métro Bockstael à Laeken, après une bataille rangée entre bandes rivales dans les couloirs de la station. Plusieurs Roumains ont été arrêtés.
Un peu plus tôt, le 28 novembre, c’est à la suite d’une manifestation contre l’esclavage, rassemblant surtout des Africains dans le haut de la ville, près du quartier de Matongé (du nom d’une commune de Kinshasa), que des «jeunes» s’en sont pris aux commerces et aux forces de police. Arrivé peu après sur les lieux, policiers et témoins me confirmèrent que les fauteurs de troubles – une centaine de personnes – étaient tous des jeunes noirs, mais peut être s’agissait-il d’un groupe de skinheads qui s’était déguisé en pères fouettards pour semer le doute, au moins dans l’esprit des journalistes.
A propos de skinheads, je n’ai aucun souci à reconnaître qu’il s’agit d’un phénomène violent qui concerne presque exclusivement des individus «de race blanche» et je ne me sens nullement offensé, stigmatisé ou victime d’amalgames, pour reprendre les expressions médiatiquement consacrées, si on le décrit comme tel.
Car ces nouveaux phénomènes d’émeutes, de cocktails Molotov lancés contre des commissariats, de policiers victimes d’embuscades, de pompiers empêchés d’intervenir, de contrôleurs de la société de transport public tabassés, de bandes urbaines, de zones de non droit,… sont tous et toujours reliés aux conséquences de la politique d’immigration incontrôlée que la population belge a subie depuis 30 ans, sans jamais avoir la possibilité d’en débattre. Décrire ces nouveaux types de délinquance sans les relier à l’immigration et à l’échec de l’intégration est en soi une désinformation.
Le système médiatique n’autorise à nommer correctement les choses que lorsqu’il s’agit de le présenter sous l’angle de la victimisation. Ainsi, lors d’une émission de la RTBF (la chaîne publique) consacrée aux émeutes, seule l’invitée voilée d’origine immigrée, a été autorisée à parler de «la jeunesse issue de l’immigration marocaine, maghrébine, disons de confession musulmane» pour dénoncer son «abandon». Le même discours, s’il était tenu par un politique belgo-belge pour caractériser les délinquants aurait été qualifié de «grave dérapage».
Puisqu’il s’agit de faits pourquoi ce refus de parler de «jeunes Maghrébins», de «jeunes noirs», de «jeunes Congolais», lorsque, régulièrement des opposants au régime du président Kabila créent des troubles à Bruxelles?
Sans doute parce que l’intégration des communautés étrangères a totalement échoué, même si beaucoup d’individus l’ont réussie.
Sans doute parce qu’il ne faut pas admettre que Bruxelles, est une poudrière incontrôlable, qui commence a ressembler à ce hell hole (trou d’enfer) décrit par Donald Trump, expression que, curieusement, la presse belge a traduite de manière créative par «trou à rats».
Sans doute parce qu’il faut nier que Bruxelles est une juxtaposition de communautés qui vivent entre elles, sans rien partager, ne lisant plus les mêmes journaux, ne regardant plus les mêmes chaines de télévisions et ne célébrant plus les mêmes fêtes. Et qu’il faut masquer cette triste réalité à grand renfort de slogans comme le «vivre ensemble» ou de couteuses campagnes célébrant la «diversité» ;
Sans doute parce qu’il ne faut pas nommer la grande responsable, l’immigration incontrôlée, tellement massive qu’elle empêche l’intégration, une immigration voulue par des dirigeants de presque tous les partis politiques pressés de vivre dans le paradis multiculturel et de jeter par dessus bord l’ancien monde de la «Belgique de papa».
Sans doute parce qu’il faut minimiser l’exode des classes moyennes d’origine belge (mais aussi d’origine immigrée plus ancienne) qui cherchent par tous les moyens à fuir certains quartiers de la capitale et sont contraintes de s’exiler en Flandre ou en Wallonie.
Sans doute parce que nul ne sait que faire face à la montée en puissance inquiétante de l’islam et de l’islamisme alors que le reste de la société belge est de plus en plus sécularisée.
Sans doute aussi parce que Bruxelles est une ville en voie de paupérisation avec un revenu par habitant qui diminue où 90% des allocataires sociaux sont d’origine immigrée.
Enfin et surtout parce qu’il faut masquer l’échec total de la gestion du Parti socialiste au pouvoir dans la région bruxelloise depuis… 28 ans sans interruption.
Alain Destexhe
Homme politique belge libéral; membre du Mouvement réformateur. Il a été secrétaire général du réseau international de Médecins sans frontières, président de International Crisis Group, de Parlementarians for Global Action et du Réseau parlementaire sur la banque mondiale et le FMI.
Source: Bruxelles, un chaudron multi-ethnique