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Le ministre polonais des Affaires étrangères Jacek Czaputowicz, le vice-président américain Mike Pence, le président polonais Andrzej Duda, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le secrétaire d’État américain Mike Pompeo posent pour une photo de famille à la conférence sur la paix et la sécurité au Moyen Orient à Varsovie, le 13 février 2019. (Janek SKARZYNSKI/AFP)

La rencontre économique réunira des Israéliens et des représentants de 6 pays arabes, un exploit. Mais ne vous attendez pas à un soutien équivalent au moment de parler politique

La conférence économique organisée ce mois-ci à Bahreïn sous l’égide des États-Unis semble maintenant promise à un succès retentissant, à condition que le succès soit défini comme le fait de faire parler ouvertement les Israéliens et les États arabes modérés.

Quant à la paix israélo-palestinienne, la conférence risque de faire reculer ce rêve encore plus loin.

La longue liste des pays qui prévoient d’assister à la conférence – la première étape, économique, du plan plus large de la Maison Blanche pour un accord de paix israélo-palestinien – marque une réussite pour les Etats-Unis.

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Avec l’adhésion de l’Arabie saoudite, de l’Égypte, de la Jordanie, du Maroc, des Émirats arabes unis et du Qatar, Washington a réussi à réunir en un seul lieu les pays les plus importants du monde arabe pour discuter, sous les auspices de l’administration de Donald Trump, des moyens d’améliorer l’économie palestinienne – malgré l’opposition sans merci des bénéficiaires visés, les Palestiniens.

Bien qu’Israël n’a pas encore reçu d’invitation officielle, il est prévu que le ministre des Finances Moshe Kahlon participe à la réunion des 25-26 juin à Manama. La Treizième chaîne a rapporté plus tôt cette semaine que les organisateurs américains attendaient que d’autres pays arabes attestent leur présence avant de lancer une invitation officielle à l’État juif. C’était avant que l’Égypte et la Jordanie ne rejettent les appels au boycott de Ramallah et ne s’y joignent. Compte tenu des liens étroits entre l’administration et le gouvernement israélien, il ne fait guère de doute qu’Israël sera désormais un invité bienvenu au sommet.

Une tour de bureaux à Manama, Bahreïn, sur laquelle figurent des portraits du roi de Bahreïn Hamad bin Isa Al Khalifa, (au centre), du Premier ministre Khalifa bin Salman Al Khalifa, (à gauche) et du prince héritier Salman bin Hamad Al Khalifa, (à droite), le 3 octobre 2011. (AP Photo/Hasan Jamali, File)

Comme je le soulignais dans ces pages il y a trois semaines, le simple fait que Bahreïn ait accepté d’accueillir une réunion sur le conflit israélo-palestinien, tenue sous les auspices d’une Maison Blanche largement considérée comme hostile aux Palestiniens, et à laquelle les Palestiniens se sont opposés, est déjà extraordinaire.

Depuis lors, six États arabes, dont quatre n’ont pas de relations diplomatiques officielles avec Israël, ont indiqué qu’ils étaient eux aussi prêts à siéger dans une seule salle avec des représentants du régime sioniste et de l’administration Trump – qui n’a fait que mettre Ramallah en colère, notamment en déplaçant l’ambassade des États-Unis à Jérusalem et en réduisant l’aide financière aux causes palestiniennes.

Depuis que Washington et Manama ont annoncé l’atelier « Paix pour la prospérité » avec une déclaration commune le 19 mai, l’Autorité palestinienne a fait tout ce qui était en son pouvoir pour saboter l’événement, exhortant à plusieurs reprises les gouvernements arabes à rester à l’écart, sans grand succès. Il n’est pas surprenant que le Liban ait publiquement rejeté le sommet, citant le refus des Palestiniens d’y assister, même s’il est loin d’être évident que Beyrouth a été invité en premier lieu. L’Irak reste plus poliment à l’écart. (L’Iran, inévitablement, a critiqué le rassemblement depuis le début.)

Jared Kushner, (à gauche), rencontre le président de l’Autorité palestinienne Abbas à Ramallah, le 21 juin 2017. (Bureau de presse de l’AP).

Mais les acteurs les plus importants du monde arabe, y compris les voisins les plus proches des Palestiniens, s’en vont tous, laissant l’AP avec peu de choses à faire à part exprimer des « profonds regrets » et continuer à appeler « tous les pays frères et amis à renoncer à participer à cet atelier » comme Ibrahim Melhim, le porte parole du gouvernement palestinien cette semaine l’a affirmé.

« Comment cette rencontre peut-elle avoir lieu dans un pays arabe frère », a demandé le haut responsable palestinien Azzam al-Ahmad, « en l’absence du principal acteur ». Reconnaissant que c’est précisément ce qui est sur le point de se produire, il a ensuite ajouté maladroitement : « Quels que soient les résultats de l’atelier, il n’a aucune valeur juridique tant que les parties prenantes s’y opposent. »

Certains diront peut-être que la plainte d’al-Ahmad était à la fois fallacieuse et franchement amusante : comment les Palestiniens peuvent-ils protester contre l’absence du principal acteur alors que ce sont eux qui ont décidé de ne pas y participer ?

D’autres comprendront la décision d’une direction qui estime n’avoir reçu que des coups de bâton de la Maison Blanche et refuse maintenant de légitimer une conférence qui promet des carottes financières comme prélude à un plan politique dont elle s’attend qu’il constitue un coup de bâton encore plus grand.

Quoi qu’il en soit, la liste croissante des participants montre que le cynisme avec lequel de nombreux experts ont initialement rejeté la conférence était prématuré. Il peut s’agir d’un mariage sans mariée, comme certains analystes en ricanent, mais au moins, le marié a l’occasion de se retrouver en public avec de nombreux membres de la famille régionale qu’il voit rarement.

Comment les Palestiniens peuvent-ils protester contre l’absence du principal acteur alors que ce sont eux qui ont décidé de ne pas y participer ?

Tout geste faisant allusion à une normalisation des liens entre Israël et le monde arabe à la suite de la conférence ne pourra être considéré que comme une victoire tant pour Washington que pour Jérusalem, indépendamment de l’absence palestinienne et du message peu encourageant qui en découle pour les progrès bilatéraux.

Plus loin sur la route

Mais cette impasse bilatérale, ce refus des Palestiniens de s’engager avec Israël sous la médiation traditionnelle des Etats-Unis, est la raison pour laquelle l’atelier de Manama va très probablement être aussi un échec. Une conférence axée sur les Palestiniens mais boycottée par les Palestiniens a peu de chances d’aboutir à grand-chose, même dans son objectif étroit de stimuler l’économie palestinienne.

Selon l’annonce conjointe de Bahreïn et des États-Unis, l’atelier permettra aux participants de « partager des idées, de discuter des stratégies et de galvaniser le soutien pour des investissements et des initiatives économiques potentiels qui pourraient être rendus possibles par un accord de paix ».

Sous la pression des Etats-Unis, des pays comme la Jordanie et l’Egypte ont maintenant accepté de prendre part à cette étape, purement économique, de l’“affaire du siècle”. Il ne peut pas y avoir grand-chose de mal à parler des moyens d’améliorer la vie des Palestiniens, se seront-ils dit avant d’accepter l’invitation, alors que rester à l’écart aurait exaspéré les Américains.

Le président américain Donald Trump, (à droite), et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi à Riyad, le 21 mai 2017. (AFP/MANDEL NGAN)

Mais le sommet ne devrait donner aucun résultat tangible, ni dans le domaine économique – car les Palestiniens ne seront pas dans la salle – ni dans le domaine politique, car le monde arabe est uni dans son rejet de toute proposition de paix qui ne répond pas aux aspirations du peuple palestinien au statut d’Etat, ce que le plan de paix américain est peu susceptible de satisfaire.

« Cette conférence à Manama sera le plus grand revers et le plus grand embarras pour [Jared] Kushner, conseiller principal de Trump et homme de confiance pour le Moyen Orient] », a déclaré le haut responsable palestinien Saeb Erekat au Times of Israel dans une interview publiée mercredi, « car je sais qu’aucun arabe ne [participera] sans dire : ‘L’État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale vivant côte à côte avec Israël aux frontières de 1967′ ».

Erekat a raison sur ce dernier point. Six nations arabes ont accepté de participer à la prochaine conférence, non pas parce qu’elles sont sur le point de défier les positions arabes traditionnelles sur l’État palestinien, mais parce qu’elles ne veulent pas dire non aux Américains et qu’elles ne pensent pas devoir le faire. Dans un tout autre domaine, avec une administration américaine très différente, une grande partie du monde arabe était tout aussi farouchement opposée à l’accord nucléaire conclu par l’administration Obama avec l’Iran en 2015, mais a gardé le silence pour ne pas contrarier publiquement la seule superpuissance mondiale.

La question est de savoir, quand (ou si) l’administration américaine publiera la partie politique de son plan de paix, si Le Caire, Amman et Riyad vont défier les Etats-Unis et le rejeter catégoriquement ou si la Maison blanche Trump aura le succès recherché dans son changement des positions adoptées depuis si longtemps, en commençant avec Bahreïn comme un point de départ en douceur.

Il est fort probable que même ces dirigeants arabes qui se rendront à Bahreïn répondront à l’administration, lorsque les véritables questions centrales seront discutées, en disant : « Nous étions suffisamment ouverts d’esprit pour participer à votre atelier économique, qui ne nous a pas rendus populaires parmi les partisans de la cause palestinienne, mais vous ne pouvez pas vous attendre à ce que nous soutenions également la seconde partie centrale de votre proposition.

Si tel est le cas, le succès de Bahreïn sera sans intérêt en raison de l’échec que présageait le boycott des Palestiniens.

Source:© Bahreïn sera une réussite, mais pas sur la paix entre Israéliens et Palestiniens | The Times of Israël

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