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Le port d’Athènes, contrôlé par le géant chinois Cosco, veut être le plus grand en Méditerranée.

Rares sont les dirigeants européens qui peuvent se targuer de rencontrer le président chinois Xi Jinping à deux reprises en une semaine. C’est pourtant le cas de Kyriakos Mitsotakis. Le premier ministre grec, fraîchement revenu de Shanghaï – la Grèce y était, comme la France et la Jamaïque, à l’honneur de l’Expo 2019 -, reçoit ce lundi soir le président chinois pour une visite officielle de deux jours.À lire aussi : Les nouvelles routes de la soie: le Pirée, un port chinois au cœur de l’Europe

Les autorités ont déployé le même accueil que réservé à Barack Obama en 2016: Athènes quadrillée de policiers, hommes-grenouilles et tireurs d’élite pour assurer un déjeuner face à l’Acropole, un dîner fastueux au palais présidentiel et un programme culturel pour les premières dames. Pour les dirigeants, le menu est monothématique: les investissements, dans tous les domaines. Banques, énergies renouvelables, transports, télécommunications et tourisme, le président Xi vient chargé d’annonces. Pas moins de seize accords vont être signés entre le gouvernement grec et la délégation de plusieurs ministres chinois. Le port du Pirée est de nouveau concerné. En 2008, l’armateur géant Cosco a obtenu la gestion du port commercial pour trente-cinq ans. Depuis, le nombre de conteneurs est passé d’un à 5 millions par an, les infrastructures ont été modernisées et un quatrième terminal est en train d’être aménagé.

Les prix bas, comparés aux ports du nord de l’Europe, et la position géostratégique ont poussé nombre de multinationales comme Hewlett-Packard ou Huawei à ne transiter que par le port grec, carrefour entre l’Orient et l’Occident. D’autant qu’une ligne ferroviaire transporte les marchandises du Pirée vers les Balkans et l’Europe centrale. En 2016, les Chinois ont racheté le reste des 67 % du port, soit la partie touristique, et vont inaugurer un plan de rénovation de près d’un milliard d’euros. Il prévoit notamment la construction d’hôtels, d’un centre commercial et l’extension de l’embarcadère des bateaux de croisière.

L’arrivée de Bank of China

L’ambition est surtout d’en faire le plus grand port de la Méditerranée, tant sur le plan touristique que commercial. Ce plan de rénovation était initialement de 600 millions d’euros, mais face à la crainte des archéologues grecs de voir pousser des gratte-ciel, il a été revu tout comme son prix. Le président Xi va donc déambuler sur le port mythique, en compagnie de Kyriakos Mitsotakis. Une balade aux accents chinois. Lesquels ne soucient guère le premier ministre grec, car rien ne l’arrête pour attirer des investissements dans le pays.

Nombre de pays européens fustigent la Grèce pour avoir accepté des Chinois sur le port du Pirée, mais il faut replacer les événements dans leur contexte

Georges Tzogoupoulos, directeur des programmes UE-Chine au Centre international de formation européenne (CIFE)

«Nombre de pays européens fustigent la Grèce pour avoir accepté des Chinois sur le port du Pirée, mais il faut replacer les événements dans leur contexte», explique Georges Tzogoupoulos, directeur des programmes UE-Chine au Centre international de formation européenne (CIFE). «La Grèce a été contrainte par ses créanciers publics, le Fonds monétaire international et l’Union européenne, de privatiser, pendant la crise, dès 2010. Pour lui octroyer des prêts, ils exigeaient que la Grèce cède ses biens publics. Quand le port du Pirée a été mis en vente, le seul à répondre à l’appel d’offres était Cosco», précise-t-il.

Les dirigeants grecs et chinois vont aussi annoncer l’ouverture de la première agence de Bank of China, avenue Mesogion, dans le centre d’Athènes, alors que la ICBC (banque industrielle et commerciale de Chine) se contente d’un bureau de représentation. Des développements gréco-chinois dans les énergies renouvelables, les télécommunications, dans la voiture électrique, devraient suivre.À lire aussi : Grèce: la vente très controversée du port du Pirée

C’est aussi une fenêtre sur l’Europe que viennent chercher des milliers de Chinois en Grèce. Depuis 2013, la loi hellénique permet à tout citoyen non européen d’obtenir un permis de séjour dans le pays, contre l’achat d’un bien immobilier d’une valeur supérieure à 250.000 euros. «Avec le visa grec, nous avons accès à 26 autres pays européens, membres de l’espace Schengen», précise Stéfan Zhang, en charge du service clients de l’agence immobilière V2. Des immeubles entiers sont vendus dans la capitale grecque et entre 7000 et 10.000 visas ont déjà été accordés aux Chinois depuis cinq ans, selon les chiffres d’Entreprise Greece.

Si la majorité des Chinois ne résident pas dans leurs biens acquis, cet argent est venu dynamiser l’économie locale après dix années de crise sans précédent. Or derrière cette irruption chinoise, il y a aussi un volet diplomatique. En juin 2017, Alexis Tsipras, premier ministre de gauche à l’époque, a imposé son veto, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à une déclaration de l’UE condamnant les violations des droits de l’homme en Chine.La rédaction vous conseille



Source:© Au Pirée, Xi Jinping renforce son influence en Grèce

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