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Des membres armés des FAMA (Forces armées maliennes) sont célébrés par la population alors qu’ils défilent sur la place de l’indépendance à Bamako le 18 août. STRINGER / AFP

Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, a été renversé mardi soir par un coup d’Etat porté par une partie de l’armée. Ses porte-parole assurent vouloir mettre en place une « transition politique civile » et respecter les engagements internationaux du pays.

Les militaires qui ont pris le pouvoir au Mali et poussé à la démission le président Ibrahim Boubacar Keïta ont affirmé, dans la nuit du mardi 18 au mercredi 19 août, vouloir mettre en place une « transition politique civile » devant conduire à des élections générales dans un « délai raisonnable ».

Plus de trois heures après l’annonce par le président Keïta de sa « décision de quitter toutes [ses] fonctions », à l’issue d’une journée de mutinerie qui s’est transformée en coup d’Etat militaire, des hommes en uniforme sont apparus sur la chaîne publique ORTM. Il était alors 3 h 40 du matin, heure locale.

Lire le récit : Au Mali, la chute et les remerciements d’Ibrahim Boubacar Keïta

« Nous, forces patriotiques regroupées au sein du Comité national pour le salut du peuple, avons décidé de prendre nos responsabilités devant le peuple et devant l’histoire », a déclaré celui qui a été présenté comme le porte-parole des militaires, le colonel-major Ismaël Wagué, chef d’état-major adjoint de l’armée de l’air. « Notre pays, le Mali, sombre de jour en jour dans le chaos, l’anarchie et l’insécurité par la faute des hommes chargés de sa destinée », a accusé l’officier.

« Jeter les bases d’un Mali nouveau »

Il a dénoncé le « clientélisme politique » et « la gestion familiale des affaires de l’Etat », ainsi que la « gabegie, le vol et l’arbitraire », une justice « en déphasage avec les citoyens », une « éducation nationale qui patauge » ou encore des massacres de villageois, le « terrorisme et l’extrémisme ».

« La société civile et les mouvements sociopolitiques sont invités à nous rejoindre pour, ensemble, créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections générales crédibles pour l’exercice démocratique à travers une feuille de route qui jettera les bases d’un Mali nouveau », a ajouté le colonel major. Il a demandé aux organisations internationales et sous-régionales de les « accompagner pour le bien-être du Mali ».

« La [mission de l’ONU] Minusma, la force [antidjihadiste française] “Barkhane”, le G5 Sahel [qui regroupe cinq pays de la région], la force Takuba [un groupement de forces spéciales européennes censées accompagner les Maliens au combat] demeurent nos partenaires », a-t-il également affirmé. « Tous les accords passés » seront respectés, a-t-il déclaré, en affirmant que les militaires étaient « attachés au processus d’Alger »l’accord de paix signé en 2015 entre Bamako et les groupes armés du nord du pays.

« Nous ne tenons pas au pouvoir, mais nous tenons à la stabilité du pays, qui nous permettra d’organiser dans des délais raisonnables des élections générales pour permettre au Mali de se doter d’institutions fortes », a également dit Ismaël Wagué.

La Cédéao annonce fermer les frontières avec le Mali

Ces déclarations sont intervenues quelques heures après une pluie de réactions internationales. L’organisation régionale de l’Afrique de l’Ouest, la Cédéao, a condamné dans la soirée l’action de « militaires putschistes ». L’organisation « dénie catégoriquement toute forme de légitimité aux putschistes et exige le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel », déclare le communiqué. Elle « exige la libération immédiate » du président malien et « de tous les officiels arrêtés ».

La Cédéao « suspend » le Mali de tous ses organes de décision « avec effet immédiat ». Elle « décide de la fermeture de toutes les frontières terrestres et aériennes ainsi que l’arrêt de tous les flux et transactions économiques, commerciales et financières entre les [autres] pays membres de la Cédéao et le Mali ». Une visioconférence des chefs d’Etat de la Cédéao sur « la situation au Mali » se tiendra jeudi sous la présidence du chef de l’Etat nigérien Mahamadou Issoufou, a annoncé la présidence du Niger, qui préside actuellement la Cédéao.

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Auparavant, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait appelé à la « libération immédiate et sans conditions » du président malien et au « rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel ». Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira, mercredi, en urgence au sujet de la crise au Mali, à la demande de la France et du Niger.

Avant la démission du président Keïta, le président français, Emmanuel Macron, avait exprimé « son plein soutien aux efforts de médiation en cours de la Cédéao », selon l’Elysée. Le chef de l’Etat « suit attentivement la situation et condamne la tentative de mutinerie en cours ».

Une crise politique larvée

La mutinerie a éclaté mardi matin dans la garnison militaire de Kati, près de Bamako. Des soldats ont ensuite fraternisé avec des manifestants qui réclament depuis des mois la démission du président. Puis ils ont arrêté à Bamako le président Keïta et son premier ministre Boubou Cissé.

Le Mali est confronté depuis des mois à une grave crise sociopolitique qui préoccupe la communauté internationale. Une coalition hétéroclite d’opposants politiques, de guides religieux et de membres de la société civile a multiplié les manifestations pour réclamer le départ du président Keïta, accusé de mauvaise gestion.

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Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces patriotiques du Mali (M5-RFP), qui mène la contestation, avait refusé jeudi dernier une rencontre avec le président Keïta, fixant notamment comme préalable la fin de la « répression » contre ses militants. Le week-end du 10 juillet, une manifestation à l’appel du Mouvement du 5 juin avait dégénéré en trois jours de troubles meurtriers.

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