Mohammed Ben Salman a l’ambition de faire naître une «nouvelle Arabie».
À 32 ans, le jeune prince héritier Mohammed Ben Salman lance deux, voire trois révolutions en même temps, dans un royaume où jusqu’à maintenant ses dirigeants détestaient ce mot. Le fils préféré du roi Salman a l’ambition de faire naître une «nouvelle Arabie». Il a amorcé une profonde transformation économique et sociale, misant sur l’après-pétrole, donnant aux femmes le droit de conduire et aux jeunes celui de se divertir un peu. Il n’a pas hésité à rompre le consensus au sein de la famille régnante, cette loi d’airain qui permettait aux Saoud d’amortir le choc lorsqu’un prince recalé d’un clan important se consolait en recevant un pactole de un ou deux milliards de dollars, en échange de son silence. Mais, de tous les chantiers que l’ambitieux MBS s’est assigné, le plus risqué est probablement celui qui vise à enfanter un «islam moderne, ouvert et modéré».
L’Arabie n’est pas n’importe quel pays musulman. C’est le berceau des lieux les plus saints de l’islam, La Mecque et Médine
L’Arabie n’est pas n’importe quel pays musulman. C’est le berceau des lieux les plus saints de l’islam, La Mecque et Médine. Un pays où depuis 1744 un pacte lie les Saoud aux partisans de Mohammed Abdel Wahhab, chef religieux ultrarigoriste. Cette alliance de l’épée et du Coran demeure la clé de voûte du pouvoir saoudien. Aux al-Saoud – dont la plupart ne sont pas wahhabites – les affaires régaliennes. Aux religieux – quelque 570 oulémas regroupés dans un Grand Conseil – la justice et l’éducation. Ces derniers édictent des fatwas qui s’imposent à la communauté des croyants du royaume. Mais payés par l’État, ils restent inféodés au pouvoir des Saoud. C’est, ni plus ni moins, ce pacte fondateur de l’Arabie que MBS entend remettre en cause. «Vous ne pensez pas qu’on va passer nos trente prochaines années à se demander si la musique est halal ou si les échecs ne le sont pas parce qu’un ouléma a dit que c’était une invention de Satan! Non, on n’a pas le temps pour ces débats inutiles», tranche un proche de MBS. «On est déjà dans l’après-wahhabisme, constate la chercheuse Fatiha Dazi-Héni. MBS veut garder une société islamique, mais expurger les aspects les plus obscurantistes du contrat social avec les wahhabites, poursuivant d’ailleurs ce qu’avait fait le roi Abdallah, avant sa mort.»
Depuis l’accession de son père au trône en 2015, MBS a déjà rogné les ailes – ou plutôt les bâtons – des mouttawins, les redoutés membres de la police religieuse, vestige archaïque de ce pacte, qui obligent les femmes à être couvertes de l’abaya noire, et les commerçants à baisser leurs rideaux aux heures des cinq sacro-saintes prières quotidiennes.
Modernisation des contenus scolaires
L’autre chantier colossal auquel il devra s’atteler concerne l’éducation. Dans les écoles saoudiennes, ce n’est pas l’islam qui est enseigné mais les principes ultrarigoristes du wahhabisme. Un bourrage de crâne – un tiers du cursus jusqu’au bac est composé de cours religieux – appelant dans les livres scolaires à «combattre» les mécréants, tandis que «la voix des gens du Livre (juifs et chrétiens) (est) blâmée comme la voix des polythéistes». Conscientes du problème, les autorités ont, discrètement, fait appel à la France, pour entamer une modernisation des contenus scolaires, en commençant par les matières scientifiques. Un petit pas, mais pas négligeable. MBS, en monarque absolu qu’il sera lui aussi, a déjà fait emprisonner certains religieux réfractaires à ces réformes. «Il fait le pari que l’establishment religieux préférera se plier et composer pour garder ses privilèges», veut croire un expert.
Dans sa marche vers le pouvoir, le passage sous son autorité de l’ensemble des forces de sécurité est également risqué. Après l’arrestation du prince Mutaïb, patron de cette «Armée des tribus» qu’est la Garde nationale, et la mise à l’écart en juin du prince héritier Mohammed Ben Nayef, à la tête des forces antiterroristes du ministère de l’Intérieur. «Les vieux de la Garde liés au clan Abdallah vont-ils se laisser faire?», s’inquiète un militaire. «On disait déjà ça du ministère de l’Intérieur, mais pour l’instant la reprise en main est sous contrôle», répond Fatiha Dazi-Héni.
Source : Le Figaro Premium – Arabie, le défi de MBS : affaiblir le pilier wahhabite du régime
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Jean Pierre Colin
Sal porc
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Sal porc
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Sal porc
Alice Braitberg
Georges Malbrunot est un expert compétent dont le point de vue est pafaitement étayé mais pour l’amatrice attentive et libre que je suis, les choses sont autrement inquiétantes :
Une fois de plus « on » veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes en louant les mérites du prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamed Ben Salmane (MBS pour le show), qui représenterait un changement salutaire pour son pays, ses relations internationales et la condition des saoudiennes , qui pour nos médias se résumerait au droit de conduire …
En réalité, MBS serait un wahhabite intégriste et belliqueux (Qatar, Yemen, Syrie, Iran) soucieux de passer des contrats d’armement pour mener ses campagnes féroces et qui n’aurait de moderne que la nécessité économique d’assurer l’après manne pétrolière.
En outre, les médias ferment leur chastes yeux sur l’épuration massive que MBS vient d’ordonner au prétexte de lutter contre la corruption et ne s’interrogent point sur le sort des réprouvés quand par ailleurs ils évoquent pudiquement les manquements aux Droits de l’Homme …suite ici https://laconnectrice.wordpress.com/2017/11/12/mbs-prince-saoudien-nouvelle-coqueluche-de-loccident-ah-ah/