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Le Parti social-démocrate allemand profitera d’une réunion le 8 et 9 décembre pour trancher la question de la poursuite de son alliance gouvernementale avec les conservateurs.

Envoyé spécial à Leipzig

Ce jour-là, ce fut comme une bouffée d’air frais pour la grande coalition. Le 10 novembre, les chefs des partis de l’alliance, la CDU, leurs alliés bavarois de la CSU et le SPD sortaient du chapeau un plan visant à augmenter les minimums vieillesse de quelque 1,5 million d’Allemands. Une coiffeuse ayant cotisé pendant 40 ans au niveau du salaire minimum verrait sa retraite passer de 512 euros par mois actuellement à 960 euros. La mesure était revendiquée de longue date par les socio-démocrates – qui en avaient fait un casus belli – et relayée par une campagne d’affichage de la confédération syndicale DGB, sur le thème: «Travailler longtemps mérite le respect».À lire aussi : Allemagne: le SPD en quête d’identité et de leadership

Méfiants à l’égard de toute dépense supplémentaire, les conservateurs ont réussi à limiter à 2 milliards d’euros par an le montant de l’ardoise, et réussi, parallèlement, à dégotter des crédits en faveur des entreprises. L’objectif était autant politique qu’économique. Et il était atteint. «Il n’y a plus de raison de remettre en cause le gouvernement de coalition», en a conclu le chef de la CSU et président de la région Bavière, Markus Söder. À son tour, le ministre des Finances social-démocrate et candidat favori à la présidence de son parti, Olaf Scholz, excipait de ce succès pour plaider la cause d’un sursis gouvernemental auprès de ses camarades. Mais la victoire a fait long feu.À lire aussi : Allemagne: au congrès de la CDU, AKK défie ses adversaires et sort renforcée

Lors du congrès de la CDU qui a débuté vendredi, les économistes et les jeunes du parti (Junge Union) menacent de déposer une motion mettant en cause le coût d’une telle mesure, qui, si elle devait être adoptée, fragiliserait à nouveau la coalition. Puis, les 8 et 9 décembre, ce sera au tour du SPD de réunir à Berlin sa grand-messe annuelle, justement appelée à trancher la question de la poursuite de son alliance gouvernementale avec les conservateurs.

Nouer un dialogue avec l’extrême droite

La désignation d’un nouveau président (en l’occurrence un tandem paritaire) y sera entérinée: une victoire du ministre des Finances, Olaf Scholz, serait probablement synonyme d’une prolongation jusqu’en 2021 de l’actuel gouvernement Merkel. Bien qu’effacée sur la scène domestique et réservant ses efforts pour la diplomatie étrangère, la chancelière elle-même privilégie cette hypothèse.

En revanche, une défaite de Scholz au profit de son concurrent de l’aile gauche, Norbert Walter-Borjans, associé à Saskia Esken, rebattrait totalement les cartes. Ces derniers entendent conditionner la poursuite de la coalition à une renégociation du programme commun, envisageant notamment un programme d’investissement public de 500 milliards d’euros. De quoi faire fuir les conservateurs.À lire aussi : Allemagne: le parti d’extrême droite AfD remporte un nouveau succès en Thuringe

Ces déchirements entre les deux principaux partis, fatigués, de la vie politique allemande interviennent sur fond de percée électorale de l’AfD. Le parti d’extrême droite, qui bouscule un paysage démocratique vieux de 70 ans, réunira son congrès dans seulement une semaine. Accomplie aux dépens du SPD et surtout de la CDU, dont le score a chuté de plus de dix points par rapport au dernier scrutin, la deuxième place obtenue par l’AfD aux récentes élections régionales de Thuringe (23 % des voix) a créé un électrochoc dans les rangs du parti conservateur. Affolés, quelques députés locaux du parti ont appelé à nouer un dialogue avec l’extrême droite, obligeant la présidence de la CDU à effectuer une douloureuse mise au point au congrès de Leipzig.

La CDU, c’est comme le FC Bayern, ils ne peuvent pas se permettre d’être deuxièmeFrank Bösch, professeur d’histoire politique à l’université de Postdam

«Il faut dire les choses clairement, ce sont des néonazis», a lancé hier Michael Kretschmer, le ministre-président CDU de la Saxe, région où l’AFD réalise ses meilleurs scores. Derrière, «il existe une véritable crainte au sein du parti de ne plus figurer au centre de la vie politique et de ne plus être capable de participer à un gouvernement. Cette question du pouvoir est centrale», insiste le politologue Gero Neugebauer. «La CDU, c’est comme le FC Bayern, ils ne peuvent pas se permettre d’être deuxième», résume plus crûment au Spiegel Frank Bösch, professeur d’histoire politique à l’université de Postdam.

Au SPD, qui gouverne sans discontinuer avec la CDU depuis six ans, cette usure du pouvoir, qui menace aussi l’ensemble de la social-démocratie européenne, se révèle encore plus nette. La possible perspective d’élections anticipées en cas de retrait social-démocrate de la coalition pourrait reléguer le parti dans l’anonymat. Cette hypothèse plaide pour un statu quo en attendant l’heure du choix en 2021, quitte à endurer deux ans de gel politique.La rédaction vous conseille


Source: Allemagne: malgré l’usure du pouvoir, le SPD reste dans la GroKo

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