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Pour son ambiance conviviale et sa sélection toujours plus pointue et diversifiée, le salon bruxellois, qui rend hommage à Christo, enthousiasme son public.

Mercredi, pour le vernissage VIP, tout le monde attendait Christo, l’artiste star de la 63e édition de la Brafa, ce salon bruxellois qui s’est imposé désormais comme le premier rendez-vous de l’année dans le calendrier du marché de l’art. Sous la grande halle industrielle Tour & Taxis, sur un site en perpétuel chantier dans le bas de la ville, trône l’une de ses pièces mythiques, Three Store Fronts, réalisée de 1963 à 1966, dans son atelier de Manhattan. Longue de 14 mètres, l’œuvre monumentale n’a pu être installée ailleurs que dans le restaurant de la foire, selon la même disposition qu’au Van Abbemuseum d’Eindhoven en 1966.

Mais grosse déception, Christo n’est pas venu. Trois semaines avant l’ouverture, il a fait savoir qu’il ne pourrait être là. À l’inverse de Julio Le Parc, l’Argentin roi de l’art cinétique (88 ans) qui s’était prêté au jeu des photos l’an dernier devant ses mobiles rouges et bleus, Christo, le roi de l’emballage (83 ans), n’a pu exprimer publiquement sa joie d’associer son nom à cette manifestation. Depuis peu, pour conquérir de nouveaux publics, les organisateurs de la Brafa ont voulu accorder plus de place au moderne et contemporain en proposant à des artistes du XXe siècle – plus que confirmés vu leur âge! – de les suivre.

Dans une atmosphère de réelle convivialité qui dénote avec celle de nos salons français, le public y vient justement pour cet éclectisme

«Christo n’est plus tout jeune, a répondu diplomatiquement Harold t’Kint de Roodenbeke, le directeur de la Brafa, qui termine son deuxième mandat. Mais en fait, la veille du vernissage, le 23 janvier, il se passait pour l’artiste un événement plus important à Londres: l’approbation par le Conseil de Westminster de son projet de Mastaba, sur le lac, en plein cœur de Hyde Park, face à la Serpentine Gallery ( il verra le jour en juin prochain), avant de construire son trapèze géant composé de quelque 410.000 barils de pétrole qui restera, après son installation, dans le désert d’Abu Dhabi. L’information a été confirmée par son galeriste Guy Pieters, qui lui consacre un one-man-show magistral sur le salon, en montrant ses grands dessins de ses anciens projets (375.000 à 425.000 euros) et ses objets emballés des premières années (95.000 euros le bouquet de fleurs!).

Sur plusieurs stands, Christo est à l’honneur (450.000 euros, ses dessins de lieux «emballés» chez Tornabuoni) comme d’autres de ses contemporains qui se marient avec des plus anciens. C’est justement ce parcours à travers les âges de l’histoire de l’art, jusqu’à l’archéologie et les arts premiers, qui fait l’attrait de cette foire. Dans une atmosphère de réelle convivialité qui dénote avec celle de nos salons français, le public y vient justement pour cet éclectisme: en constante augmentation, la fréquentation a dépassé les 61.000 visiteurs en 2017. Pour cette édition 2018, la Brafa rassemble 133 galeries et marchands d’une quinzaine de pays, principalement européens. «Nous avions près de 80 noms en liste d’attente, c’est la preuve de l’attractivité de ce salon qui gagne en réputation d’année en année»,avait confirmé avant son ouverture Harold t’Kint de Roodenbeke. Ce dernier a trouvé une place de dernière minute pour Christian Deydier, spécialiste de l’art chinois dont le projet de nouveau salon Sublime fait beaucoup parler de lui dans les allées de la Brafa. On compte treize nouvelles enseignes majeures dont les galeries Chastel-Maréchal, la Présidence, Ratton (belle confrontation de l’art premier avec des toiles de Dubuffet très remarquées mais à vendre!) ou Gladstone (entre 145.000 et 155.000 euros les éditions uniques de très belle qualité d’Ugo Rondinone).

«C’est ma meilleure édition depuis neuf ans que je fais ce salon»

Xavier Eckhout

La Belgique est à l’honneur, comme il se doit, avec Magritte, L’Oracle, peint en 1931, chez Boon Gallery. Autre pièce très remarquée: La Chasse au cerf par Diane et ses nymphes, œuvre collective de Peter Paul Rubens, dénichée durant l’été 2015 à Paris dans une vente aux enchères par Klaas Muller de Bruxelles. Tous sont venus admirer cette grande toile dont le prix annoncé de plusieurs millions d’euros reste confidentiel. En archéologie, la galerie genevoise Phoenix (qui vient d’annoncer sa participation à Sublime) propose une pépite sortie depuis quelques mois d’une collection privée américaine. Il s’agit d’une tête romaine de la période d’Auguste (10-20 avant J.-C.) portant le pedigree Hunt proposée à 3,5 millions d’euros. En art moderne, la galerie Fleury a sorti une grande accumulation de saxophones d’Arman (1983) venant d’une collection privée (350.000 euros).

Les affaires ont démarré lentement le premier soir, où les 1 800 invités conviés au grand dîner dressé dans les allées sont plus enclins aux retrouvailles entre amis qu’aux achats fermes et définitifs. Mais, depuis, on compte plusieurs ventes, notamment chez le Bruxellois Didier Claes, qui aurait cédé la totalité de ses onze masques de cérémonies rituelles Yaka en bois et raphia (sud-ouest de la République démocratique du Congo, à la frontière de l’Angola) sortis de la même collection et accrochés au mur dans une présentation très spectaculaire (entre 12.000 et 18.000 euros chacun).

«C’est ma meilleure édition depuis neuf ans que je fais ce salon, observe le Parisien Xavier Eckhout, qui a annoncé sa participation à Sublime. J’ai vendu 14 pièces sur 24 en trois jours dont le plâtre de fonderie patiné de Rembrandt Bugatti, un puma mâle modelé en 1911 et édité à 26 exemplaires à partir 1912.» Ce dernier a été acheté dans une vente à Tours en 1989 et est resté depuis dans la même collection française. Le fait que l’artiste l’ait dessiné dans le zoo d’Anvers lui a sans doute valu ce succès immédiat en Belgique!

Jusqu’au 4 février, Tour  Taxis, avenue du Port 86 C / B1000 Bruxelles, www.brafa.art


Source:©  À la Brafa, un joli mélange des cultures

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